Jamais il n'avait trouvé cette couleur aussi répugnante et pourtant, le blanc est censé représenter le bien, l'espoir... Et pourtant, ce blanc sur les murs de ce couloir, avait le goût de la mort. Une heure que Cody était assis ici, avec ses deux frères cadets qui étaient tous en larme. Lui, il n'arrivait pas à pleurer. Sa mère aussi, alors qu'elle était en train de discuter avec un médecin. Le moment était tragique pourtant. Son père venait de mourir, laissant une femme et quatre enfants orphelins... Mais Cody n'arrivait pas à réaliser qu'il ne le reverrait plus jamais ! Il avait quatorze ans et elle n'arrivait pas à croire que la vie pouvait se montrer si cruelle. Son père avait un cancer, elle était au courant mais c'était allé si vite... Frottant la tête de Jackson le petit dernier, elle vit sa mère revenir. " Mon chéri, on peut aller lui faire nos adieux si tu veux... " Sa voix tremblait et bien que Cody n'avait pas envie d'y aller, il sentit que sa mère lui réclamait son soutien. Jetant un coup d’œil à ses cadets, une infirmière arriva alors pour les informer qu'elle les surveillerait en attendant. Se relevant, il accompagna sa mère jusqu'à une porte. Une porte blanche, comme le reste... Déglutissant, sa mère ne semblait pas vouloir ouvrir la porte. La main posée sur la poignée, elle semblait incapable d'appuyer dessus. Posant sa main sur celle de sa mère, Cody ouvrit celle-ci et entra dans un endroit sombre, seulement éclairé par une lampe halogène... Le jeune adolescent sentait son cœur se tordre alors qu'un corps était sous un drap blanc, toujours du blanc... Sa mère lui broyait la main et Cody avait envie de sortir de là mais il restait pour sa mère. Un médecin, retira le drap et la tête de son père lui apparût. Il était blanc, blanc comme un linge... Fermant les yeux, il sentit sa mère se mettre à trembler alors que la main de celle-ci quittait la sienne pour aller devant sa bouche pour empêcher ses sanglots de sortir. Cody émit un mouvement de recul, c'était impossible d'être aussi blanc... Et sans crier garde, il fit volte face et sortit en courant, faisant fi des appels de sa mère.

"Une chose est sûre mon petit, tu as plus de couilles que la plupart des mecs que j'ai connu pour te pointer là..." Adossé contre le mur, mâchonnant un chewing gum, Cody observait le mécanicien alors que ce dernier faisait le tour de la bécane tout en lui faisant la discussion. Voilà près de trois mois qu'il est sorti de ce centre pour mineur... Pas de diplôme, rien et le jeune homme se devait de prendre son envol. C'était fini les conneries et il allait devoir se prendre en main. Et ça commençait par trouver un boulot... " Tu crois vraiment que tu as tes chances pour ce boulot ? Mécano, c'est pas un boulot facile tu sais ! Et puis, il me semble que tu préfères voler les bécanes plutôt que de les réparer, non ?" Cody avait envie de lui faire avaler son sourire provocateur mais il se contenait. Pas le moment de retomber dans ses travers. " Je les ai toujours ramenées... " Le vieil homme haussa les épaules et prit une clef avant de s'agenouiller devant l'enfin. Soupirant, Cody prit son chewing gum dans les mains et le balança dans la poubelle avant de s'approcher. " Donnez moi une heure, et je vous répare cette bécane..." Un silence s'installa dans le garage alors que l'homme le regarda avec un air médusé. Levant les yeux au ciel, il croisa les bras et soupira. " Non, je ne vais pas la voler, juste la réparer ! " L'air ahuri de son interlocuteur, laissa place à un sourire narquois alors qu'il se relevait non sans difficulté. " D'accord Gamin ! Si tu me répares ce petit bijou en une heure, j'accepte de te prendre. Si tu échoues, je ne veux plus jamais revoir ton petit minois dans ce garage, compris ? " Hochant la tête pour seule réponse, le brun prit la clef des mains du garagiste et le toisa du regard alors que ce dernier s'en allait comme si la victoire lui était déjà acquise. Il allait s'en mordre les doigts. Si le jeune homme avait accumulé les conneries ces dernières années, il avait appris des choses. S'agenouillant, il soupira quelques secondes et se lança dans la découverte du moteur de ce petit bijou.
Quarante sept minutes, c'est le temps qu'il lui avait fallu pour remettre ce bolide sur pieds, enfin sur roues. Adosser contre le capot de la voiture, il fixait la vitre qui cachait le bureau du garagiste, attendant que celui-ci ne se décide à venir constater qu'elle avait remporté le défi et le job. " Tu abandonnes, petit ? " Lâchant un léger son de dédain, Cody lui lança les clefs qu'il attrapa au vol. " Vous n'avez qu'à vérifier par vous même... " Surpris devant l'assurance du brun, il s'installa au volant et quelques secondes plus tard, le moteur se mit à vrombir. Une musique douce aux oreilles de l'ancien délinquant... Mais le meilleur était à venir ! " Putain, j'y crois pas... " Haussant un sourcil, il le regarda quelques secondes attendant qu'il respecte sa part du marché. " D'accord, je te veux demain ici à 7 heures pétante pour qu'on regarde pour ton contrat. Et si t'es en retard, tu peux faire une croix dessus, c'est clair ? " Oh il serait là... Descendant du capot, le jeune homme récupéra sa veste et remit un chewing gum en bouche. Voilà, un pas décisif de fait dans la voix de la rédemption !

" Vous êtes en retard..." Adossé contre la large porte qui menait au sous-terrain et surtout au supermarché, éclairé simplement par la lumière de sa lampe torche , Cody observa les deux silhouettes rentrer dans leur "maison". La journée avait été longue pour le jeune Hampton. Il aurait aimé être à la place de ses deux hommes, histoire de se dégourdir les jambes, peu importe les risques. " Ouais, on a dû attendre qu'un petit groupe de rôdeurs se casse mais sinon, on a tout ce qu'on voulait " Haussant les épaules, Cody referma la porte, une fois que les vivres et ses deux compagnons d'infortunes soient entrés. Il avait encore dû mal à s'acclimater à ce monde, à sa situation mais il n'avait pas le choix. Croisant les bras, il se redressa et prit un des sacs qu'avaient ramené Jo & Derek. " Génial, encore plus de conserves... " Derek lâcha un rire alors qu'il sortit un paquet de cigarette. " Tiens, regardes ce qu'on a trouvé ! Normalement, on a pas le droit mais bon, je me suis dit que ça te ferait plaisir " Un léger sourire apparût sur ses lèvres alors qu'il rangeait le paquet de clopes dans sa poche arrière. C'était une denrée rare de nos jours et le brun, qui avait été obligé de s'arrêter, voyait une bonne occasion de faire passer le temps en s'enfumant les poumons " Qui s'occupe de faire le tour de garde aujourd'hui ? " Portant deux sacs, il sortit de la pièce pour se rendre à la réserve. " C'est Eric..." Jo renifla avec mépris sous le regard amusé de Derek et Cody. Ce n'était pas l'amour fou entre les deux hommes et tout le refuge était au courant. Une simple mésentente lors d'une confrontation avec deux rôdeurs avaient suffi à rendre la situation délicate entre les deux " Ce n'était pas ton tour, Cods' ?" Haussant les épaules, le brun suivit ses deux compagnons avec désinvolture " Il a tenu à échanger son jour de garde avec le mien... Je voyais pas d'inconvénient à ça ! " Les trois garçons entrèrent dans le refuge et commencèrent à remplir les étagères avec les denrées ramenées " Est-ce qu'il y a encore de quoi tenir longtemps ?" Cody eût sa réponse lorsqu'il croisa l'air sombre de Derek " On va devoir se rationner encore plus, je pense... " Grognant, Cody n'en pouvait plus de cette situation. Ce cauchemar ne finirait jamais ? Immédiatement, son esprit se dirigea vers ses frères cadets et sa soeur. Le regard sombre, la voix de Jo le sortit de ses pensées " Ça va ? " Secouant la tête, Cody haussa les épaules. " Ouais, je pensais à ce qu'on avait avant ! A ma famille... Bref, la routine quoi " Une fois son sac vide, le brun se releva et posa ce dernier sur une table "Bon, on ferait bien d'annoncer la nouvelle aux autres ! Histoire de leur dire qu'on ne mourra pas de faim... " Lâchant un rire, Cody se dirigea vers la sortie, suivi de ses deux compères. Il ne savait pas de quoi serait demain mais l'espoir diminuait peu à peu. Ils avaient trouvé refuge ici, mais pour combien de temps ?